Où chanter le crime ?

Les lieux où l’on chantait les complaintes criminelles

Vacher approche une jeune fille-Le Chant des crimes-Marc Renneville-Gaelis Éditions

Les journaux d’époque offrent d’utiles indications sur les lieux et les moments de diffusion des complaintes. On trouvera ci-dessous quelques extraits relatifs à l’affaire Vacher.

 

Illustration : Vacher approche une jeune fille (coll. part)

Premier extrait :

« La complainte de Vacher. L’atroce tueur de bergers a trouvé son poète.

Des camelots apostés hier soir dans la grande rue délivraient aux amateurs, moyennant un sou, l’inévitable complainte et la façon dont ils roulaient les R en jetant aux quatre points cardinaux, avec une voix de circonstance, l’annonce des Crimes de Vacher, produisait sur les passants une impression suffisante pour en décider quelques-uns à mettre la main à la poche.

Un romancier s’est mis aussi à exploiter la mine, ainsi que le révèlent à nos compatriotes des affiches apposées un peu partout.

C’est vraiment faire trop d’honneur à l’ignoble gredin.

Par leurs origines, par le mystère qui entourait leurs méfaits, par les circonstances qui les accompagnaient, quelques meurtriers ont pu, à certaines époques, solliciter l’attention, voire même l’intérêt de la foule ; mais il n’y a aucune raison pour qu’il en soit de même du tueur de bergers, en qui il est difficile de trouver autre chose qu’une brute sanguinaire indigne de l’attention et de la pitié publiques.

C’est en présence de pareils monstres, que la peine de mort apparait comme une nécessité sociale ; d’ici peu de temps, espérons-le pour la conscience humaine, Vacher ne relèvera plus que de M. Deibler.

Quant aux poètes ? qui éprouvent le besoin de mettre ses crimes en vers de mirliton, ils emploient bien mal leur temps et leur encre. »

Source : Le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, 7 novembre 1897, p. 2.

 

Deuxième extrait :

« Comme dans tous les métiers, dans toutes les professions, on voit parmi les vagabonds des chançards, des arrivistes, et des malchanceux, des guignards.

Ces derniers n’ont point de niche. L’été, ils couchent sur les fortifications ; l’hiver, dans les bâtiments en construction. La police les ramasse dans ses rafles. Ils sont envoyés au dépôt, passent en police correctionnelle pour vagabondage, attrapent quelques semaines ou quelques mois de prison, font leur temps et ne redeviennent libres que pour recommencer la même existence.

Triste métier…

***

Et sur son corps ensanglanté
Un baiser brûlant il posait.
Etc, etc.

Ainsi chante la complainte composée en l’honneur de Vacher qui a été le type accompli du chemineau, du vagabond des campagnes.

Je suis loin de prétendre que tous les chemineaux, à l’instar de Vacher, assassinent des bergères et des filles de ferme ; il est cependant certain que presque tous violent les filles qu’ils rencontrent sur les routes et qui ne réussissent pas à leur échapper.

Le vagabond campagnard n’a presque rien de commun avec le rôdeur parisien. Ce dernier, est dans toute l’acception du mot, un « propre à rien ». Il préfèrerait crever de peine que de travailler autrement qu’à l’aide d’un couteau ou d’une pince-monseigneur ; le chemineau, lui, est généralement un ex-ouvrier, un ouvrier fainéant mais qui travaille de temps à autre, lorsque la faim l’y oblige.

Parfois, il reste quelques semaines ou même quelques mois dans une ferme, à cultiver la terre, garder les troupeaux ou conduire les chevaux ; puis la nostalgie de la grand’route le reprend, et, brusquement, il quitte la famille qui l’avait accueilli et à laquelle il n’avait pas pu s’attacher, et s’en va continuer son ancienne vie de bohème.

Quelquefois il vole son patron en s’en allant ; ce fait toutefois n’est pas général. Le chemineau est plutôt mendiant que voleur »

Source : Le Fin de siècle, 27 novembre 1898.

Troisième extrait

« Vacher n’est pas encore guillotiné et cependant sa complainte fait le tour des foires sur les orgues de Barbarie et les jeunes gens en allant boire un pot le dimanche au cabaret la chantent à pleins poumons le long des grandes routes.

Peut-être même que le chemineau [celui qui va par les chemins, synonyme de vagabond] de Beaufort, lui avide de popularité, la fredonne avec une joie sauvage dans sa cellule de Belley. Faut-il s’en étonner. Certainement non. »

Source : Le Moniteur viennois, 10 décembre 1897, p. 2.

 

 

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LE CHANT DES CRIMES
Les Complaintes de l’affaire Vacher 

Marc Renneville.
25 avril 2021 – Éditions Gaelis 

Format Broché : 180 x 230 –  ISBN : 978-2-38165-039-5
Nbr de pages : 132
Illustré : Oui

Le Chant des crimes-Les Complaintes de l'affaire Vacher-Marc Renneville-Gaelis-editions

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